Maisons en pisé

Généralité : au départ si j’ose dire,

1-Les maisons n’ont, (tout le moins au début) pas de cheminées.

2-Elles sont en Torchis puis en Pisé et n’ont qu’un ou deux étages pas plus.

3-Les premiers chéneaux sont en bois.

I – Des maisons sans cheminées :

Il est très difficile d'avoir une vue générale de la morphologie des habitations des débuts du développement de la ville au Moyen-âge. Si l’on a une idée relativement suffisante de l’habitat à l’époque gallo-romaine d’une part, et d’autre part une connaissance précise de la période concernant la Renaissance (notamment par le fait que ces maisons soient encore visibles aujourd’hui dans le vieux Lyon). Entre ces deux périodes, les textes sur l’architecture des maisons lyonnaises restent vagues et peu documentés, et c’est bien dommage car il y a matière.

Les premières cheminées apparaissent en France au XIème siècle et leur usage va se développer jusqu’au XIVème siècle.

Les premières maisons n’avaient pas de cheminées (sur le toit) en tant que telles. (Attention ce qui ne veut pas dire qu’il n’y avait pas de ‘’système’’ de chauffage.) Avant cela, les maisons étaient chauffées par un feu ouvert situé sur une surface d’argile ou de briques dans le centre de la maison et l’on pensait alors que c’était la fumée qui chauffait la pièce.

L’usage des cheminées se répand d’abord dans les châteaux ou abbayes, puis dans les habitations des villes, et enfin dans les campagnes tout au long du XIVème siècle.

Le Pisé :

  • Selon les archéologues, C’est au XIIIème siècle, que la construction en pisé de terre serait apparue en France. Cette nouvelle technique de construction s’étend rapidement dans tout le Sud de la France. Notamment en Auvergne et Rhône-Alpes c’est dans le Rhône que le patrimoine en pisé est le plus important : il représente plus de 40% du patrimoine architectural rural de France.

L’agglomération lyonnaise est sans doute l’une des rares villes en Europe à concentrer une telle proportion de « pisé urbain ». Et l’on peut déceler beaucoup plus de constructions en pisé de terre (maisons, bâtiments publics ou religieux, immeubles de rapport, entrepôts, murs de clôtures...) que ce qui est fréquemment admis. Précisons (que le pisé s’élève normalement sur une assise maçonnée de pierres ou de galets).

  • Il est intéressant de noter que ce matériau de construction reste méconnu, tant des citoyens que de la plupart des élus ou des professionnels de la construction. L’absence du mot « pisé » dans des textes de référence comme la candidature et le plan de gestion UNESCO de la ville, ou le règlement de la ZPPAUP (Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager) témoigne de cette lacune.

Comment est-ce possible ? Cela s’explique par le fait que, normalement, les bâtiments en pisé n’étaient pas prévus à l’origine pour être enduits. Cependant à Lyon, ils l’ont largement été, afin de préserver les murs de l’humidité, car ils n’étaient pas protégés par un débord de toit suffisant. (de ce fait on ne peut plus voir la composition de la maçonnerie d’un mur). Et ce d’autant plus qu’au cours de l’évolution de l’habitat certaines maisons bourgeoises était recouvertes d’un enduit travaillé de façon a imiter la pierre (masquant les matériaux de construction). (voir pièce jointe n°1)

  • Autre spécificité des murs en pisé lyonnais est que fréquemment ils n’ont pas de « fruit ». (On entend par fruit le fait que la base du mur est plus large que le haut du mur. Ce fruit contribue à la stabilité et aussi à une légère réduction des charges.)

(Fruit : Terme employé en architecture pour désigner une diminution de l'épaisseur qu'on donne à un mur au fur et à mesure qu'on s'élève).

D’autre part, le pisé n’est pas réservé au bâti populaire, puisqu’il est également présent dans des maisons édifiées par de riches lyonnais aux abords de la ville. Avec l'essor économique débutant autour de 1460 la bourgeoisie lyonnaise va développer de belles architectures et d’originales compositions d’immeubles, d'inspiration gothique, pour évoluer ensuite vers un mélange confus où toutes sortes de styles s'entremêlent jusqu'aux années 1500.

En règle générale, les bâtiments sont étroits, entre cinq et six mètres, et profonds jusqu'à une vingtaine de mètres ; ils sont généralement dotés de deux étages. Chacun d'entre eux peut être relié à un second bâtiment jusqu'à 4 bâtiments par des traboules, chemins privés devenant par la force des choses voies semi-publiques, mais au statut toujours ambigu, qu'empruntent les piétons forcés par l'étroitesse des voies et leur engorgement à trouver des passages (Je ne m’étendrais pas sur les traboules sujet éminemment connue).

En règle générale, à chaque étage des balcons, nommés galeries, courent tout le long du ou des bâtiments formant véritable coursives souvent accessibles par un escalier à vis. (voir pièce jointe n°2 & 3)

La rive droite de la Saône, en particulier, entame un mouvement de destruction des vieilles bâtisses pour reconstruire plus haut et plus riche. Les espaces encore cultivés disparaissent à cette époque, et au cours du XVIème siècle, toutes les habitations susceptibles d'être surélevées le sont. Jusqu'aux années 1500.

Avec la Renaissance, grâce notamment à l’installation de grandes familles de banquiers et de commerçants italiens, le bâti entame une véritable transformation. De nombreux ensembles architecturaux inscrits dans le plus pur style de la Renaissance voient le jour à leur initiative.

Ils firent ériger des hôtels particuliers en pierre de taille qui servaient entre autre à éblouir le « client lyonnais » comme les banquiers de Genève ou d’ailleurs. Mais ne nous y trompons pas car les immeubles sont parfois composites. Une façade en pierre bien en vue sur rue (enduite ou non) n’exclut pas des façades sur cour ou des murs de pignons en pisé de terre.

Les élites parviennent à faire évoluer largement la cité; des places apparaissent, des voies de communication importantes sont aménagées. Les signes visibles d'une certaine évolution urbaine sont l’ouverture de deux nouveaux ports sur la Saône, celui de Saint-Éloi en 1482-1483 et de Saint-Paul en 1485-1490.



Sans pour autant abandonner la méthode de construction en pisé de terre, à partir de 1850 on commence à bâtir des maisons en mâchefer, imaginé par Jean François Coignet, (industriel français né le 10 février 1814 à Lyon et mort le 30 octobre 1888 à Paris.) (voir pièce jointe n°4)

En novembre 1840 et mai 1856, la ville est marquée par de gigantesques inondations de la Saône et du Rhône causant l’effondrement de centaines de bâtiments, principalement ceux en pisé : 1 185 maisons s’écroulent complètement, 448 sont partiellement détruites, 200 subissent de graves avaries. Beaucoup de familles ont péri sous les ruines de leurs habitations emportées par le torrent. Le pont St-Vincent est enlevé par les eaux et va se briser contre le pont Tilsitt. Tout n’est que dévastation et ruines.

Des mesures drastiques sont prises : par arrêté préfectoral en date du 19 juin 1856, le Préfet Vaïsse interdit « les constructions de Pisé et de Mâchefer dans toute l’étendue de l’agglomération lyonnaise ».

Se voyant interdire de construire avec des matériaux économiques comme le pisé, les classes sociales défavorisées sont alors contraintes de s’installer plus à l’Est, laissant la place à une classe de moyenne bourgeoisie devenue à l’étroit dans la presqu’île.

En 1872, un nouveau décret est établi : la construction en terre n’est plus interdite, mais réglementée. Cet assouplissement se justifie par l’éloignement de la menace principale : l’eau, grâce à la construction de barrages et l’aménagement du cours du Rhône.



Parallèlement aux maisons en mâchefer, les maisons en pisé vont se développer au centre comme en périphérie, dans des quartiers alors en cours d’urbanisation. Ce sont des bâtiments, parfois de grande hauteur, construits selon une tradition ancienne jusqu’au début du 20ème siècle. On peut en voir encore particulièrement à la Croix-Rousse.

Publié le
Dernière mise à jour :
Auteur :
Publié par : ruesdelyon.nethttp://www.ruesdelyon.net/img/rue-de-lyon-logo-1476775263.jpg

Avis

Donnez votre avis

Maisons en pisé

Maisons en pisé