Place des Cordeliers
Situation
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La place des Cordeliers est au cœur de la presqu’île dans le second, c’est un élargissement de la rue Grenette, coté Rhône.
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Métro, bus et taxis y circulent, dans les deux sens et vers la rue de la République, les voitures vers le Rhône sur deux voies et de façon limitée vers la rue de la Bourse.
Architecture
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Elle est bordée de bâtiments emblématiques de la ville de Lyon.
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La façade de Saint Bonaventure est curieuse, de dimensions modestes, avec quelques belles roses et agencements de pierres. L’église remonte au 13e siècle. La façade est trouée de belles portes, d’une rose et de statues de Saint Bonaventure et de son maître Saint François d’Assise. Il faut rentrer dans l’église pour admirer les magnifiques vitraux.
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La grande façade du magasin Saturne, de la fin du 19e siècle est impressionnante, avec son grand visage et deux étranges lions rigolards derrière les statues cariatides, une sphère est suspendue au sommet.
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Un grand chantier attend le successeur du Grand Bazar. Achevé fin 2007, c'est un gros cube de verre sombre surplombant.
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Coté nord, la Bourse, est une sorte de château style second empire, richement décoré avec ses statues, ses toits d’ardoise et son perron souligné d’une statue du Rhône et de la Saône allongés dans leur course. La pierre est belle, avec des teintes rosées par endroits. Après la Bourse, la place se termine par un immeuble moderne, bloc informe entre deux immeubles de style 19e siècle dont le premier est décoré de lions et le second par une vierge d’angle.
Dédicace
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Les frères Franciscains sont arrivés à Lyon en 1226. Leur robe tenue par une forte corde les a fait surnommer Cordeliers. Ils ont été chassés en 1790 par la révolution.
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La place a été créée sur l’emplacement du cimetière des frères.
Histoire
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Sous Childebert, la muraille était aux Cordeliers.
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En 1274, le supérieur de l’ordre des Cordeliers, Saint Bonaventure est venu assister au concile et mourut à Lyon dans le couvent de ses frères, il fut enterré sur place.
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De 1327 à 1471, on a construit une église consacrée au saint. La façade a été reconstruite en 1859. Les vitraux ont été fabriqués après la guerre car les originaux avaient été détruits le 2 septembre 1944 lors de l’explosion du pont Lafayette. Les confréries de métiers y avaient leurs chapelles. Une plaque conte ces événements, une autre est difficilement déchiffrable.
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Les Allemands arrivés pour faire du commerce à la fin du moyen âge avaient leur chapelle aux Cordeliers.
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En 1421, les Cordeliers ont fait clore leur terrain qui limitait aussi la ville du coté du Rhône.
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En 1425, les villages du Lyonnais se sont réunis aux Cordeliers pour élire les délégués qui allaient demander au roi une baisse des taxes.
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C’est de cette place que sont parties les émeutes de la rebeyne de 1436. En février, le roi avait ordonné un emprunt qui devait être payé par tous. La tension est montée au fil des réunions place des Cordeliers et des pillages eurent lieu durant deux mois. L’affaire prit une telle ampleur que le roi Charles VII est venu en personne faire un séjour de un mois à Lyon une fois le calme revenu depuis quelques mois pour faire punir les chefs de la révolte.
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Simon de Pavie, médecin de Louis XI est mort et enterré dans l'église des Cordeliers en 1472, il a eu sa rue dans le quartier.
- Nicolas Chuquet a vécu à proximité. En 1484, il a publié Triparty en la science des nombres dans lequel il est le premier à expliquer l'algèbre en français. Son système de comptage à partir du billion est toujours utilisé. Son élève, Etienne de la Roche, né à Lyon en 1470 y a publié l'arismetique à partir de ses travaux.
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La Grande Rebeyne de 1529 a eu aussi son point de départ de la place des Cordeliers. François 1er désirant parachever les remparts et boulevards de la ville, avait levé un impôt sur le vin, une foule a convergé vers Saint Bonaventure et a sonné le tocsin, provoquant une émeute. Le 25 avril, le peuple fut invité à se réunir, place des Cordeliers, deux mille personnes se rassemblèrent, et allèrent piller les couvents et les maisons des riches et se rendre maîtres de la ville pendant deux jours. Le 27 avril, les émeutiers partirent à l’île Barbe afin d’en vider les greniers, le consulat et les troupes envoyées par le roi en profitèrent pour reprendre possession de la ville et entamer une répression qui dura deux ans.
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En 1531, le prix du blé avait été multiplié par six, provoquant une telle famine que les pauvres de toutes les régions convergèrent vers Lyon. Les notables de la ville se réunirent en assemblée à Saint Bonaventure pour organiser des quêtes au premier rang desquelles participa le bon Allemand. On réunit les pauvres dans les couvents des Jacobins, Cordeliers, Saint Georges et la Chana, les étrangers étant logés à Ainay. La distribution faite aux Cordeliers attira huit mille personnes. Elle fut donnée de mai jusqu’à la moisson de juillet qui fut abondante. Les premiers bâtiments de l’aumône, dont une boulangerie étaient installés sur le domaine des Cordeliers. Après l’instauration de l’aumône générale en 1531, chaque année à Pâques, les pauvres partaient en procession de Saint Bonaventure jusqu’au cloître Saint Jean où ils recevaient une aumône.
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En 1561, les protestants ont investi une grande maison sur la place à coté de la rue Grenette pour la fortifier et préparer la prise de la ville. C'est à cette époque que la place en est devenue une sur le cimetière des moines.
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En 1572, lors des vêpres lyonnaises, les protestants ont été regroupés au couvent des Cordeliers, la foule est venue les massacrer.
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En 1643, Lazare Meyssonnier docteur à l’Hôtel Dieu a donné des leçons de chirurgie au cloître de Saint Bonaventure.
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Il y eut un grand incendie en 1668.
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En 1765, la croix de l’ancien cimetière, fermé au 16e siècle pour ouvrir la place et qui menaçait ruine a été remplacée par une colonne sur laquelle trônait Uranie, muse de l’astronomie, et un cadrant solaire. L’ensemble a disparu, on peut avoir une idée de Uranie en allant voir les huit autres muses sur la façade de l’Opéra.
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Du 14 mars au 4 avril 1789, les délégués des trois ordres se sont réunis dans l’église et ont choisi leurs porte parole pour les états généraux.
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Le couvent a été détruit en 1790 et l’église a servi de halle à grains jusqu’en 1806.
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L'ouest de la place était fermé sur le Rhône par la salle du Concert, Mozart était venu y jouer.
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Le 29 mai 1793, des affrontements ont opposé l’armée de la municipalité aux comités révolutionnaires, le long de la Saône, aux Cordeliers et aux Jacobins, deux cent personnes en furent victimes. Le 26 août 1793, Françoise Lamort a été arrêtée dans le cloître de Lyon, en plein siège de Lyon, soupçonnée d'être incendiaire, portant un fagot et des allumettes. Considérant les témoignages, elle fut acquittée, mais maintenue en prison pour sa dangerosité et son imbécillité.
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Le tocsin de Saint Bonaventure a sonné pendant les journées d’affrontements d’avril 1834 dites seconde révolte des canuts. Débutées le 8, le calme est revenu le dimanche 13 avril sauf dans quelques réduits comme Saint Polycarpe, les émeutes auraient fait six cent morts. L'église a été occupée quatre jours, le vicaire Peyrard, accusé de complicité a été emprisonné jusqu'au 18 janvier 1835.
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A partir de 1859 et pendant plus de cent ans, les halles de Lyon ouvraient sur la place avant de partir cours Lafayette. Le Grand Bazar à la même époque a été le premier grand magasin de Lyon, relayé par un Monoprix, il a été rasé en 2005. Un peu plus tard, ce sont les galeries Lafayette qui renchérissaient sur six étages de surface commerciale.
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Au début du 20e siècle, l’église Saint Bonaventure était le lieu de rencontre de la bourgeoisie catholique au pouvoir à Lyon.
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Le 24 mai 1968, les étudiants voulant faire la révolution ont élevé des barricades sur la place.
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En 2006, les fouilles du chantier du Grand Bazar, à l'angle de la rue de la République ont permis de découvrir des traces de bâtiments et d'un réseau d'assainissement de l'époque romaine, ainsi que d'une occupation plus légère au moyen âge et de constructions du 17e siècle.
Art et associations
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L’église Saint Bonaventure est l’un des deux sanctuaires catholiques de Lyon.
Commerces et services
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Le Monoprix, une fois reconstruit sera un supermarché généraliste, Saturne est spécialisé dans l’électroménager.
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Il y a aussi deux banques, un institut de sondage, deux bars avec une petite terrasse, trois avocats, deux médecins et une pharmacie de nuit.
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Lyon Parc Auto gère les parcs automobiles de Lyon, depuis 2001, elle propose un service d'auto partage.
Décembre 2005 et août 2012
Dernière mise à jour :
Auteur : Franck