Montée de la Grande côte

Montée de la Grande Côte

Situation

  • La plus belle rue de Lyon pour de nombreux Lyonnais.

  • Elle débute en prolongement de la rue des Pierres Plantées, mais les deux premières parties ayant été démolies, je les ai décrites à part sous le nom de l'esplanade et du jardin de la Grande Côte.

  • Elle se termine sur les façades de la rue du Sergent Blandan.

  • Elle est piétonne sauf en dessous de la rue Leynaud.

Architecture

  • La Grande Côte est en forte descente, de plus en plus étroite en arrivant en bas, légèrement tordue.

  • Au nord de la rue Imbert Colomès, à l'est, ce sont des flancs d'immeubles de style canut du 19e siècle, plus un appendice municipal inutilisé. A l'ouest, un petit groupe de quatre immeubles des années 1970, construits de plus en plus en retrait dans le jardin.

  • Entre la rue Imbert Colomès et la rue des Tables Claudiennes, la section est encore large, grâce à la construction de l'école municipale, toute en pierres, en 1888, collée à une maison de la rue des Tables Claudiennes. A l'est, on trouve les deux premières maisons anciennes, la grande porte du 59 traboule vers la rue Capponi, elle est généralement fermée.

  • La partie entre la rue des Tables Claudiennes et la rue Burdeau est la seule à avoir conservé sa largeur d'origine, elle est bordée de part et d'autre par des maisons de deux étages, alignées, mais bien individualisées, simples, mais avec de jolies arches. Le 69 traboule vers la rue Burdeau, elle est intéressante pour la vieille muraille visible de la cour qui y subsiste.

  • Entre la rue Burdeau et la rue Leynaud, il y a un HLM qui détonne par sa hauteur, six étages, et un parking couvert par deux dalles de béton. A l'est, il y a un bel alignement de façades en courbe, fait de maisons anciennes, les plus anciennes du début du 16e siècle atteignant les cinq cents ans. Elles ont de deux à quatre étages.

  • C'est à partir de là que l'architecture est la plus soignée avec quelques belles portes couvertes de tags, de belles séries d'arches, quelques fenêtres à Meneaux, trois magnifiques façades autour du 102, restaurées autour de l'an 2000. En levant la tête au 100, on peut voir un pilier de fenêtre ouvragé, Louis Maynard, dans son livre sur les rues de Lyon parle d'une fenêtre du 13e siècle, s'il ne s'est pas trompé, ce pilier à sept cents ans. Comme la maison qui le supporte en a sûrement deux cents de moins, il s'agirait alors d'un réemploi du couvent de la Déserte.

  • Le 102 a une longue allée qui mène à une belle cour au-dessus de la rue Terme. Le 118 est une jolie traboule qui descend vers la rue Terme, la seule qui soit ouverte.

  • En dessous de la rue Leynaud, la montée est de nouveau étroite entre de belles maisons anciennes de différentes hauteurs, styles, alignements et dates.

Dédicace

  • A Lyon, une rue en pente s'appelle une montée, sauf à la Croix Rousse où elle s'appelle une côte, la Montée de la Grande Côte fédère les deux termes.

  • C'est l'abréviation d'anciennes appellations : Grande Coste Saint Sébastien, Grande Côte de la Croix Rousse.

Histoire

  • Cette montée suit un chemin naturel emprunté depuis la préhistoire.

  • Depuis, elle a toujours été la voie principale entre Lyon et le plateau.

  • Les religieuses de la déserte ont acheté la partie ouest en 1296, ce sont elles qui ont donné le signal de la transformation de la route en rue en lotissant leur parcelle au début du 16e siècle.

  • En 1298, l'archevêque a fait pendre le corps d'un condamné à mort aux fourches de Saint Sébastien.

  • L'urbanisation a été rapide, de 1500 à 1550, la montée était alors fermée en bas par la porte Saint Marcel et en haut par la porte Saint Sébastien, située rue des Pierres Plantées à l'entrée de Lyon.

  • De 1628 à la révolution, une petite statue de Saint Roch avait été installée, avec une plaque en latin signalant que la peste n'avait pas réussi à monter plus haut.

  • L'historien Jules Michelet en décrit l'âpre montée lors de sa visite en 1830, ce n'est que plus tard qu'il a décerné à la Croix Rousse le titre de colline du travail.

  • Les ouvriers canuts, regroupés derrière le drapeau noir et la devise vivre en travaillant ou mourir en combattant, sont descendus par la Grande Côte pour aller occuper la mairie lors des deux révoltes des canuts le 21 novembre 1831 et le 14 février 1834. Lors de la première révolte, les gardes nationaux qui les attendaient à l'angle de la rue Leynaud ont ouvert le feu, tuant quatre canuts et déclenchant l'insurrection.

  • En 1835, c'est ici que le premier magasin coopératif fut implanté par Michel Derrion et Joseph Reynier. Les deux glorieux précurseurs le furent sans doute trop, aussi, ils durent partir finir leurs jours au Brésil en tentant d'y introduire leurs méthodes. Une plaque en rappelle le lieu et une statue les commémore dans le jardin des plantes.

  • La chaussée a été transformée en 1855 pour lui donner un égout.

  • La montée a été en chantier durant plusieurs années à partir de 1998 pour lui donner des pavés de Montalieu et en chasser les voitures. Chantier interminable, toujours en cours fin 2005 pour faute de faillite de l'entrepreneur et pénurie de pavés.

  • La Grande Côte était connue pour avoir 99 maisons de chaque coté.

  • En 1936, la ville a acheté deux maisons pour les démolir. Coût 900 Francs, le prix d'une radio ou de deux manteaux. Les temps ont changé, septante ans après, on laisse son manteau un peu vieilli et sa radio dont les piles sont usées devant le pas de porte de la boutique de vêtements d'occasion et on paie un tiers de son salaire pendant vingt ans pour acheter un appartement ici, avec 900 Francs, on ne peut plus acheter que six centimètres carrés.

  • En 1975, toutes les maisons du haut de la rue ont été démolies, il en reste des regrets, un jardin et une photo sur une pochette de disque de Jean Marc le Bihan. Les solides pierres de leur construction ayant été qualifiées de pisé et leur antiquité vénérable de vétusté et d'insalubrité, l'obsolescence n'étant pas encore de mise en ces temps.

  • En 1988, tout le pâté de maisons entre la rue Burdeau et la rue Leynaud a été rasé au profit d'un HLM et d'un parking. Dix ans après, les autres maisons entraient au patrimoine de l'humanité, avec une bonne partie de la ville, ce qui devrait leur permettre de fêter leurs cinq cents ans.

  • Effectivement, en 2022, le 65 quincacentogénaire, est entièrement réhabilité, le juste milieu entre rénové et reconstruit.

Art et associations

  • Le parler particulier aux lyonnais et particulièrement aux canuts a inspiré Nizier du Puitspelu, de l'Académie du Gourguillon pour rédiger son fameux dictionnaire, le Littré de la Grand' Côte. Le Littré de la Grand' Côte est cafi de gognandises, mais il explique savamment les mots et expressions savoureuses employées ici plus qu'ailleurs, c'est le cousin du Littré d'Emile, du dictionnaire de l'Académie et du vénérable dictionnaire de Trévoux. A utiliser pour éviter de déparler.

  • L'une des plus fameuses expressions est originaire de la Grande Côte. Un jour, une brave dame à sa fenêtre voyant monter son amie l'appela et l'invita en ces termes inoubliables : En descendant, montez donc voir comme le petit y est grand ! Le site des retraités du Crédit Lyonnais indique que la catolle qui criait ainsi était la mère Cottivet, concierge du cent moins n'un, Grande Côte, par la voix de Elie Périgot Fouquier, puis Benoist Mary sur Radio Lyon de 1927 à 1971.

  • Les dalles des parkings servent de terrasse au bar Matchico, l'autre à des jeux d'enfants, aux chats et aux pigeons. La terrasse est investie à chaque fête par des musiciens, parfois des danseurs. Certains l'ont baptisé place du chat noir à cause d'une silhouette peinte sur un banc depuis disparu.

  • Denis Rousseau a son atelier de sculptures aux formes élancées de bronze et verre. Deux galeries, intimité et portraits et deux cours de peinture représentent les arts plastiques.

  • La compagnie U Gomina chante autour d'un orgue de barbarie.

  • Le son de l'horizon donne des cours de yoga et de musique.

  • L'atelier de l'archet est un luthier, il y a un fabriquant de tam tam, l'atelier de vitrail Monel et Géraldine Arbore qui restaure le bois doré.

  • En 2008, un magasin intitulé conservatoire de la photographie a collé des photos anciennes de Lyon en vitrine.

  • Depuis 2007, la Grande Côte en Solitaire organise un festival d'artistes solistes, depuis 2019, ils disposent d'une salle l'Ornithorynque au 114 pour recevoir les artistes.

Commerces et services

  • La quasi-totalité des commerces a été renouvelée en une dizaine d'années, le Matchico qui me semblait le doyen, est devenu Trokson, c'est un bar avec une grande terrasse.

  • Il n'y a plus que la plaque du Skwat café, espace qui a servi de bar et de salle de concert, mais la forme de gestion squat ne semble plus permettre l'ouverture.

  • Les autres sont tous nouveaux et il en reste de libres, deux boulangeries, un magasin de décoration, un ferronnier et deux magasins de vêtements.

  • En 2005, trente et un d'entre eux ont monté l'association Coté Grand'côte, le 14 septembre 2012, elle organise un apéritif et imprime une plaquette où figurent toutes les enseignes dont un nouveau magasin de souvenirs.

  • En 2024, j'ai lu le Grande Côtiste, le journal qui s'arrache, sur un mur.

Septembre 2005 et mai 2012

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Montée de la Grande côte

  • La montée de la Grande Côte débute en prolongement de la rue des Pierres Plantées, mais les deux premières parties ayant été démolies, je les ai décrites à part sous le nom de l'esplanade et du jardin de la Grande Côte.

  • Elle se termine sur les façades de la rue du Sergent Blandan.

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