Rue Juiverie
Situation
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La rue Juiverie est une rue piétonne du vieux Lyon qui part de la place Saint Paul et se termine à la jonction de la rue de la Loge et de la montée du Change.
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Elle est courte mais particulièrement séduisante et elle mène au cœur du Vieux Lyon.
Architecture
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Elle est entièrement pavée et légèrement tortueuse.
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L’ensemble des façades actuelles datent de la renaissance sur des bases beaucoup plus anciennes. Cette unité et quelques réalisations remarquables font que c’est une des rues où il faut se rendre lors d’une visite à Lyon.
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En 1536, Antoine Bullioud, propriétaire de deux maisons au 8, rue Juiverie fit appel à l’architecte Philibert Delorme pour construire une galerie lui permettant de passer de l’une à l’autre. Ce dernier y a réalisé son chef d’œuvre et l’une des plus belles pièces d’architecture de Lyon, il faut entrer dans la cour pour la voir.
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Sous François 1er, Claude Paterin se fit construire une belle maison au n°4. Il n’a pas cherché à offenser son roi, puisque le buste de Henri IV dans la cour date du 19e siècle. Cette maison, la première de la rue Juiverie a subi deux destructions partielles visant à favoriser les transports, l’élargissement de la montée Saint Barthélemy et la ficelle de Loyasse dont il reste le bâtiment de la gare de départ. Du coup, on peut désormais admirer la statue du roi et l’escalier renaissance depuis les premiers escaliers de la montée des Carmes Déchaussés ou en entrant dans la cour.
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La plupart des façades sont belles et méritent d’être détaillées avec des fenêtres à meneaux ouvragés, des portes avec des sculptures cariatides soutenant l’imposte, des lions, mais je signalerais plus particulièrement :
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Au n°7 les petites statues de l’encadrement de porte et les fenêtres à meneaux.
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Au n° 23 la maison aux lions de Dugas avec son bel escalier dans la cour. Les Médicis y ont vécu. L’alchimiste parisien Nicolas Flamel indiquait que plusieurs trésors des juifs étaient cachés dans Lyon. Un des Gadagne, qui avait reçu Louis XIII, lui aurait avoué avoir trouvé un trésor dans cette maison.
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Au n°22 les fenêtres à meneaux, les statues, et dans la cour la belle colonne et le puits.
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Tout au long de la rue, on a ajouté les blasons de plusieurs échevins de la ville depuis Guy de la Mure en 1294 jusqu’à Jacques Imbert Colomès chassé par la révolution. Après la révolution, le rôle des échevins a été repris par les maires.
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Il est bon de pousser les portes pour aller voir les escaliers, les galeries, les tours, les puits, les allées soutenues par des croisées d’ogives aux petites sculptures.
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Elle se termine coté sud avec une vierge à l'angle rue de la Loge et une tourelle à l'angle montée du Change.
Dédicace
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Le nom rend hommage à la Juiverie, c’est à dire la population juive qui résidait dans la rue au moyen-âge. La toponymie a la mémoire longue puisqu’ils ont été expulsés en 1379. Les dates sont difficiles à saisir en ces périodes sombres puisqu’ils auraient été chassés par Philippe le Bel en 1311.
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C'est le roi Louis le Débonnaire qui aurait donné l'autorisation officielle aux juifs de s'installer et de construire une synagogue. Une médaille l'attestait, retrouvée un peu plus haut dans la maison dite de la Bréda, puis perdue.
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En 1387, le roi émit un arrêt pour préciser la position des juifs vis à vis de la justice de Lyon, ils ne devaient pas prendre part à la garde mais verser leurs impôts.
Histoire
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Le site est occupé depuis l’époque romaine.
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Après la chute de l’empire romain, puis à l’époque Burgonde, la population de Lyon se rassembla dans le quartier qui resta au centre de Lyon jusqu’à la fin de la renaissance.
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Charles VIII a fait son entrée dans Lyon le 7 novembre 1495 de retour d’Italie. A cette occasion il a participé à trois tournois, place de la Grenette, place des Cordeliers et place de la Juiverie.
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La transformation de la rue date des années 1490, il y avait alors un marché aux bestiaux qui gênait les riches négociants qui commençaient à faire bâtir leurs maisons. Une fois qu'ils ont eu satisfaction, la rue est devenue l'une des plus belles de Lyon, avec des constructions si bien faites qu'elles sont encore en place cinq siècles après.
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En 1833 Jane Dubuisson conte un épisode étonnant qui se serait passé dans la rue. En 1515 François Premier a résidé dans la maison Paterin. Pendant son séjour, le roi a conté fleurette à la femme de la maison. Au départ du roi, Paterin partit s'installer en Bourgogne, disant que sa femme Bérengère était partie se reposer. Ce n'est qu'en 1522, à la vente de la maison Paterin qu'on aurait retrouvé le corps de Bérengère, la salamandre du roi à la main.
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Le fameux Nostradamus y a vécu. Catherine de Medicis venait le consulter. Plusieurs de ses prédictions concernent Lyon, la plus fameuse étant celle qui tendait à faire mourir le pape Jean Paul II pendant sa visite à Lyon en 1986.
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On apprend dans Dina la belle Juive, livre de Pétrus Borel, qu’il est dangereux de traverser la rue de la Juiverie la nuit, pour les chaudières, les matras, les chats noirs, les mandragores, les chauves souris et les feux grégeois qui peuvent y pleuvoir.
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François Auguste Biard y est né en 1799, il est devenu peintre, grand voyageur il a vécu et peint au Brésil, peint une aurore boréale au Spitzberg, mais presque rien au musée des beaux arts où il avait appris à peindre. Il est mort en 1882 à Samois sur Seine.
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Jean Cagne, né à Beaune en 1907 qui était ajusteur mécanicien et député du Rhône vivait au 8 lors de son décès le 13 octobre 1958.
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Andrée Merle, née en 1921, morte en 2012 a été une figure du théâtre du Trancanoir sous le nom de Maria Lhande. L'exposition du matrimoine lui rend hommage en 2021.
Art et associations
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On y trouve deux théâtres dont un couplé à une école d’art dramatique.
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Trois galeries, un magasin de musique et le palais de la miniature qui est un musée de maquettes représentant différentes scènes depuis parti rue Saint Jean.
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Aurélie Moreau vend ses sculptures dans une boutique. Elle a décoré sa clé de voûte et le tuyau du chéneau par deux belles pièces, levez la tête, ils y en a quelques autres à proximité.
Commerces et services
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L’horloger de Saint Paul a vu son nom inspiré par le célèbre film de Bertrand Tavernier.
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Il y a un libraire d’occasions anciennes avec une collection de livres sur Guignol.
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Deux restaurants.
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Un brocanteur.
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Deux magasins de décoration.
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Un magasin de vêtements.
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Deux kinésithérapeutes.
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Au 19e siècle, François Cornet y louait des bateaux, il est resté dans les mémoires pour en avoir loué un à Alphonse Daudet qui l’a raconté dans un livre.
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Les commerces se renouvellent doucement, en 2022, ils sont surtout destinés à une clientèle de loisir à part la laverie, avec une curiosité, Dalatta, bijoux en or végétal.
Juin 2004, mars 2011 et novembre 2022
Dernière mise à jour :
Auteur : Franck