Rue Neyret
Situation
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La rue Neyret se trouve au cœur des pentes de la Croix Rousse dans le premier arrondissement.
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Elle commence à l’ouest dans la montée des Carmélites et se prolonge à l’est par la rue Imbert Colomès. Le changement de nom se fait dans un léger creux au passage de la montée de la Grande Côte.
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Les voitures arrivent de la rue Imbert Colomès et ressortent par la montée des Carmélites.
Architecture
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La première partie est étroite entre le flanc de l’austère école de la Salle au 1 dont l’entrée est excentrée pour coïncider avec l’angle de la rue et de la montée.
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En face, la première maison d'un beau jaune porte la date de construction de 1619, elle est collée à deux maisons anciennes de deux et trois étages et une dernière tenue par des contreforts au 10.
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Ensuite la rue s’élargit pour laisser la place à un parking et à l’école nationale des beaux-arts qui paradoxalement est le plus vilain bâtiment de toutes les pentes. Il y a un projet de désaffection qui nous permettrait de s’en débarrasser pour la remplacer par des constructions plus esthétiques.
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L’église du bon Pasteur lui fait face, dans l’alignement mais surélevée et curieusement privée d’entrée frontale. Cette église est visible de très loin et offre un bon point de repère, en particulier depuis l’esplanade de Fourvière. Elle a été bâtie par Clair Tisseur de 1875 à 1883. Cet architecte est aussi connu pour avoir fait un dictionnaire lyonno-français, Le Littré de la Grand’ Côte sous le nom de Nizier du Puits Pelu. C’est l’empereur Napoléon III qui était venu en poser la première pierre en 1869 avant que la guerre n’interrompe les travaux.
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Côté impair, l’escalier de la montée Neyret gravit la colline.
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La rue devient de nouveau étroite bordée de maisons de deux à quatre étages plus anciennes que de coutume dans le quartier, celle du 16 est datée de 1765. Elles forment une impasse, en face, on voit les dos des immeubles de la Grande Côte et un immeuble en béton aux grandes fenêtres en creux s'achève en 2022.
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Un grand porche est creusé dans un immeuble côté pair pour permettre le passage du 6 (bus menant de Lyon à la Croix Rousse) en l’empruntant quelques mètres, on découvre une vue magnifique sur le sud, le bas des pentes et la colline de Fourvière.
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La rue se termine par les grosses pierres d’une dernière école municipale construite en 1888, une grande maison couronnée par un fronton.
Dédicace
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Claude Neyret a fait ouvrir la rue pour desservir les maisons qu'il y a fait construire. Claude Neyret était propriétaire du château et seigneur de Bellevue qui a laissé son nom à une place située en contrebas du boulevard de la Croix Rousse. Il a été enterré aux Jacobins la seconde semaine de mai 1641. Le château Bellevue se trouvait à l'emplacement de l'école des beaux arts, il avait d'abord été transformé en couvent puis en caserne.
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Régis Neyret est quant à lui trop jeune pour avoir donné son nom à une rue, en revanche, il a été président de la Renaissance du Vieux Lyon, une association qui a eu un rôle moteur dans le classement de Lyon au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO et auteur de livres dont le Guide Historique de Lyon aux éditions lyonnaises d’art et d’histoire, et le site historique de Lyon, l’un des deux volumes de Lyon, collection patrimoine, éditions le Dauphiné.
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Michel Neyret était l'une des figures les plus emblématiques de la police lyonnaise, mais il en a été exclu parce qu'il avait obtenu certains succès en rémunérant ses indicateurs avec d'autres informations et des détournements de saisies de drogue, gagnant au passage séjours et voitures de luxe.
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Aurélie Neyret est une dessinatrice de BD connue pour sa série les carnets de Cerise qu'elle a dessiné non loin de la rue Neyret.
Histoire
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La plaque gravée à l’angle de la montée des Carmélites indique qu'elle a été construite en 1619.
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Antérieurement, le terrain avait appartenu depuis le 14e siècle aux sœurs de la Déserte qui furent les premières des pentes à vendre leurs propriétés vers 1500 pour permettre l’urbanisation du quartier à partir de la colonne vertébrale de la Grande Côte.
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Pendant la grande peste de 1628, une seule maison fut épargnée par la peste, elle était inhabitée.
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En 1675, la maison du Bon Pasteur qui a donné son nom à la rue du dessus accueillait d’anciennes prostituées.
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En entretenant une galerie qui se trouve sous la rue, un ouvrier a découvert un os de rhinocéros ainsi que des dents d’éléphant préhistorique, puis un fémur de cheval préhistorique.
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Le 18 avril 1860, l'empereur est venu visiter l'église du Bon Pasteur qui avait ouvert en 1856 le jour de la naissance de son fils, en 1869, il est revenu avec le prince, pour poser la première pierre de l'église définitive.
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La petite histoire concerne l’église du Bon Pasteur. On a remarqué la curieuse absence d’entrée devant cette église. La position en retrait de l’école des beaux-arts construite en 1936 devait permettre de construire le perron de l’accès principal. La diminution progressive du nombre de fidèles ne l’a pas permis. Actuellement l’église est fermée, la dernière fois que je l’ai vu ouverte fut à l’occasion d’un concert de musique expérimentale vers 1999. Elle a ensuite servi de réserve à l'école durant quelques années.
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En mai 1968, l'école des beaux arts a été occupée 15 jours, les bustes saccagés et les dessins brûlés.
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Une entrée couverte de peinture signale une expérience de vie alternative qui a eu lieu pendant quelques années de la dernière décennie du 20e siècle. Une grande maison du 17e siècle construite autour d’un vaste jardin était occupée illégalement par des squatters militants de ce genre de vie, aussi, la maison était ouverte aux passants et de nombreux moments festifs étaient organisés. Le propriétaire et la municipalité n’y trouvant pas leur compte, l’ensemble a été solidement muré et cherche toujours un avenir. Depuis, elle a été rénovée et sert aux habitations privées.
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Le caractère particulier du quartier se montre aussi à chaque élection, le bureau de vote se trouvant dans la rue Neyret accordant généralement les votes les plus gauchistes de toute la ville de Lyon quand les électeurs du bureau voisin des Tables Claudiennes font confiance aux listes alternatives de façon tout aussi marquée.
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C'est une rue ancienne, les bâtiments sont bien en place, aussi la construction d'un immeuble en 2022 est surprenante, le premier depuis l'angle de la Grande Cote dans les années 1980.
Art et associations
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La présence de l’école des beaux-arts assure la notoriété de cette rue sur le plan artistique. Le grand livre de l'école sorti en 2006 retrace l’histoire de l’école des Beaux Arts, depuis 1756, dont son passage au 10 rue Neyret avant qu'elle ne parte s'installer quai Saint Vincent remplacée par le service archéologique qui publie une étude fouillée sur chacun des sites.
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Les sculptures de l'église sont belles avec plusieurs christ et un bestiaire dans les frises, amenez vos jumelles, si elles vous ont plu ou que vous avez oublié les jumelles, il y en a plein d'autres plus proches dans la montée qui longe le flanc est.
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Les Loufiats, un bar accueillant des concerts de chansons françaises a longtemps existé ici, en 2010 il est remplacé par le Sinéquanone qui a depuis disparu.
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Enfin, la façade de la maison squattée semblera artistique à certains, même si la volonté contestataire paraît plus affirmée.
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En 2022, il y a toujours des dessins sur les murs dont les yeux de Big Ben, la dactylo sur son éléphant et d'autres toujours renouvelés sous le porche.
Commerces et services
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Le snack bar des beaux-arts.
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Et surtout les trois écoles, marquent cette rue.
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L’école municipale abrite la maison du département, de la métropole depuis et Forum réfugiés Cosi en 2022.
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En 2022, Sattva Yoga a repeint ses volets, Zoï pâtisserie a ouvert à l'angle de la Grande Côte.
Janvier 2004, septembre 2010 et fevrier 2022
Dernière mise à jour :
Auteur : Franck