Rue Edouard Herriot

Rue Edouard Herriot

Situation

  • La rue Edouard Herriot traverse le centre entre les deux principales places de la ville.

  • Elle commence à l’angle de la place des Terreaux et à la rue Joseph Serlin.

  • Elle se termine sur la place Bellecour.

  • Le nord est dans le premier arrondissement, la partie principale est dans le second, l’articulation se fait au niveau de la place Rivoire et du dos de Saint Nizier.

  • Les places de stationnement sont très prisées, coté ouest.

  • La circulation se fait du sud au nord, avec une voie pour les bus.

Architecture

  • Coté pair, le premier bâtiment est imposant, c’est l’aile est du palais Saint Pierre avec son entrée majestueuse entre deux colonnes. En 1860, en plein travaux de percement de la rue de l'Impératrice, on allongea le flanc du palais St Pierre sur la place du Plâtre et les petites rues du quartier pour magnifier l'ensemble.

  • Par la suite, la rue bénéficie d’une grande unité de style, c’est un alignement d’immeubles, presque tous construits vers 1860, lors de l’ouverture de la rue. Ils font quatre étages, parfois cinq. Les ornements sont nombreux, des vierges et un philosophe dans des niches, des anges, des portraits, des lions, des diables, des anges, des rois, des guirlandes, des grappes, des coquilles, sculptés dans la pierre ou dans le bois des portes.

  • Deux exceptions : le 66, de construction récente, bête carré blanc, il réussit à entasser huit étages là où les autres n’en comportent que cinq, et l’intervalle entre la rue Mulet et la rue Neuve qui est rescapé de la période antérieure, les façades sont plus sobres, l’alignement aléatoire, mais les portes et les arches des commerces sont superbes.

Il y a pas mal d’éléments à remarquer :

  • C'est l'une des rues qui possèdent le plus de vierges d'angles, celle de la rue Saint Nizier est accompagnée d'un Saint Pierre à l'angle de la rue de la Poulaillerie.

  • Au 38, les statues d’un couple romain, anachronisme, la femme tient une canette.

  • Au 40, les petits anges de la porte sont gravés, virtute dulce et comite fortuna, devise de Sébastien Gryphe et les chapiteaux des fenêtres sont décorés de têtes.

  • Le chevet de Saint Nizier est agrémenté d’une échoppe de fleuriste, en levant la tête, on est dominé par les gargouilles et les tourelles. Ne restez pas trop longtemps, un bloc de cinq cent kilos s’est détaché de l’église vers 1970. Une plaque proche d’une fontaine conserve la mémoire de Jean Marie Leclair, 1697-1764, plus grand maître de l’école française de violon né dans la paroisse.

  • Au 39, le Crédit Lyonnais ressemble à un énorme coffre fort avec ses entrées de métal noir et ses pierres de taille.

  • L’immeuble de Virgin se distingue aussi avec ses trois balcons et ses immenses fenêtres métalliques entre deux colonnes.

  • Le 58 et le 60 s’ouvrent par deux belles portes jumelles. La plupart des portes de la rue sont belles, le plus souvent en bois encadrées de pierre.

  • Au 78, on peut voir deux médaillons à Gutenberg 1438 et Senefelder 1794, respectivement inventeurs de l'imprimerie et de la lithographie.

  • Aux 77 et 81, deux immeubles jumeaux impressionnent par leurs colonnes et leurs cariatides à l’antique.

  • La rue Edouard Herriot est belle à remonter, car on vise le clocher doré et les toits de l’hôtel de ville redorés en 2007 qui brillent sur fond de Croix Rousse.

Dédicace

  • Edouard Herriot est né en 1872 à Troyes, il est arrivé à Lyon en 1896, suite à sa nomination comme professeur, jeune agrégé de lettres au lycée Ampère.

  • Edouard Herriot a été maire de Lyon du 3 novembre 1905 à 1957, il est mort en exercice le 26 mars 1957 à Saint Genis Laval. Sa tombe se trouve à Loyasse.

  • Son enterrement a été un moment épique des rapports entre l’église et les anticléricaux. Herriot, connu pour avoir été l’un de ses derniers, a connu un enterrement religieux. Le cardinal Gerlier a dit avoir recueilli ses dernières volontés à Lyon devant un seul témoin, madame Herriot, fervente religieuse.

  • Son mandat de maire a été interrompu pendant la guerre, arrêté puis déporté en Allemagne, il n’a été libéré que le 24 avril 1945.

  • Il est à l’origine des Habitations Bon Marché en 1920, il a pris Tony Garnier comme architecte pour Grange Blanche, les abattoirs et le stade de Gerland. Il a fait construire quatorze écoles dont le lycée du parc et ouvert le lycée Saint Just dans les locaux du séminaire. C’est lui qui a fait relancer la foire de Lyon en 1916.

  • Il a fondé la ferme école d'agriculture de Cibeins, gérée par Lyon de 1918 à 1968 avant de poursuivre comme lycée.

  • C’est aussi lui qui a fait démolir l’hospice de la Charité pour y installer la grande poste.

  • Au niveau national, il a eu tous les honneurs et toutes les présidences, celles du conseil des ministres, de l’assemblée nationale, du parti radical et de l’Académie française. C’est pourquoi la rue s’appelle Président Edouard Herriot après s’être appelée rue de l’Impératrice puis rue de l’Hôtel de ville.

  • Au niveau international il a été reçu docteur honoris causa de l'université de Glasgow aux cotés de Albert Einstein.
  • Edouard Herriot a vécu cours d’Herbouville, il avait aussi une superbe maison isolée que l’on peut voir en se promenant autour du site gaulois de Larina à cinquante kilomètres à l’est de Lyon.

  • On peut voir son buste square Jussieu et son portrait en mosaïque place Guichard, il est honoré aussi par une école, un lycée, un hôpital, aussi connu sous le nom de Grange Blanche, une cité HBM et par le port fluvial de Lyon entre autres.

Histoire

  • Le quartier a été habité depuis le début de l’époque médiévale, progressant depuis un noyau autour de l’église Saint Nizier et s’est toujours trouvé en centre ville.

  • Fernand de Géramb, né à Lyon le 14 janvier 1772, mort à Rome le 15 mars 1848, a passé son enfance dans le quartier, rue Sirène, il a combattu dans les armées de la plupart des pays d'Europe, Autriche, Russie, Naples, Sicile, Espagne, contre la France et l'Angleterre, prisonnier en 1814, il revint à Lyon dans son uniforme de général militaire avant d'entrer dans les ordres sous le nom de père Marie Joseph de Géramb, jusqu'à devenir procureur général des Trappistes.

  • Au milieu du 19e siècle, un régime autoritaire, les besoins militaires, des lois autorisant les expropriations, le souci de modernisme et de l’hygiène, et la réussite de l’opération rue Impériale (République) firent engager d’immenses travaux de démantèlement de tout un alignement de maisons afin de créer la rue de l’Impératrice.

  • En 1860, une description de la ville la montre en pleins travaux de percement.

  • La porte à Gutenberg et Senefelder est héritière de l'imprimerie Storck, existant encore en 1894, successeur de Carteron actif depuis 1649 dont les entrepôts allaient jusqu'à la rue Mercière.

  • Jean René Garraud, né en 1849 à Saint Bazeille a vécu ses dernières années au 79. Il a été avocat, bâtonnier, professeur de droit, en 1885, il a créé les cours de médecine légale à la faculté de droit.

  • Au 104, une plaque rappelle l’arrestation de Maurice Jacquet, consul des Pays Bas, arrêté en 1944 pour faits de résistance. Le consulat est toujours là, avec des drapeaux dont l’emblème aux trois lions est particulièrement bienvenu ici. Le consulat du Mexique est venu le rejoindre en 2008.

  • Il arrive que des manifestations la remontent pour se rendre devant l’hôtel de ville.

  • En 2019, on a installé des bacs à plantes sur la moitié de la chaussée, pour tenter de limiter l'impact du réchauffement climatique et de la circulation automobile, ils ont été retirés en 2020, convaincus d'être anti écologiques et pour favoriser les vélos après le confinement.

Art et associations

  • Le musée des beaux-arts de Lyon revendique les plus belles collections de France (celui de Lille aussi, déférences gardées envers celles de Paris).

  • Les festivals internationaux de Lyon, la biennale de la danse et celle d’art contemporain ont leur bureau ici.

  • La paroisse Saint Nizier représente la religion catholique de façon ininterrompue depuis le plus haut moyen âge.

  • Le CNP Terreaux est l’un des plus chers au cœur des cinéphiles lyonnais.

  • Pour l’heure, l’association des amis de l’homme est moins prestigieuse, mais son titre est réjouissant.

  • Au 72, une plaque rappelle que Xavier Privas 1863-1927, né ici, fut prince des chansonniers.

Commerces et services

  • C’est l’une des principales rues commerçantes de la ville, certains sont particulièrement solides, on peut ainsi voir quelques dates de fondation, 1852, 1922, 1932. Tous les pas de portes sont occupés, sauf quatre qui sont en passe de changer de mains, certains magasins utilisent aussi les étages.

  • La zone proche de la rue des Archers regroupe les enseignes les plus luxueuses de la ville. Comme pour les logements, les prix des commerces ont flambé, en 2005, la presse s’est fait l’écho du fait que seuls des groupes nationaux pouvaient désormais acquérir les meilleurs emplacements.

  • Un cabinet d’études en transactions commerciales est même installé dans la rue et j’ai entendu des bribes de conversation portant sur une implantation commerciale.

  • Les magasins de vêtements sont les plus nombreux, soixante huit, ainsi que douze chausseurs, onze bijoutiers, quatre parfumeurs, deux horlogers, sept instituts de beauté dont un coiffeur, six maroquiniers, trois magasins de tissus et autant qui vendent la crème des stylos plus deux papeteries. Parmi eux, Moréteau, déjà en place en 1910.

  • Une ancienne plaque indique une fonderie de métaux précieux.

  • Il y a six banques dont trois avec guichets automatiques, l’agence centrale du Crédit Lyonnais, quinze avocats, cinq assurances, cinq notaires, un expert en viager.

  • Seize médecins, deux pharmacies, deux opticiens, deux kiné et quatre bureaux de tabac.

  • Deux hôtels et cinq agences immobilières s’occupent du logement.

  • Un restaurant, lointain successeur du fameux Morel, à l’angle de la place Bellecour où l’on mangeait pour trois francs au début du 20e siècle, un snack, une alimentation et les chocolats Léonidas s’occupent de l’estomac.

  • Une agence d’intérim s’occupe du travail de même que deux écoles.

  • Quatre agences de voyage, la compagnie italienne de tourisme et CIVEL, échanges internationaux et linguistiques pour les départs, un magasin de photos, plusieurs points de ventes de cartes postales et un bureau de poste pour le retour.

  • Si vous voulez jouer de la musique, Robert Marin propose éditions musicales et instruments à vent, si vous voulez en écouter, un disquaire et un magasin Virgin vous en vendront.

  • La mairie a des bureaux, administration centrale et direction des mairies d’arrondissement.

  • On peut venir en vélo et le poser à la station vélo V.

  • Il y a aussi vingt huit sociétés dont Pernod et quelques commerces plus inattendus, une mercerie, une enfileuse de perles, un détective privé, une agence de l’équipement scientifique et enfin, le doyen, le Nain Jaune, marchand de jouets depuis 1875.

  • A l’angle de la rue de la Poulaillerie, il ne manque qu’un banc pour venir recueillir l’enseignement du philosophe de pierre, clefs de la connaissance dans la main gauche, index levé pour ponctuer sa démonstration. A moins qu’il ne s’agisse de Saint Pierre et des clefs du paradis.

Juillet 2005 et janvier 2012

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