Rue Mercière
Situation
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La rue Mercière se décompose en deux parties bien distinctes, la partie sud est célèbre par ses restaurants et ses maisons renaissance.
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Elle débute au croisement de la rue des Bouquetiers et de la place d’Albon, elle est légèrement prolongée par la rue Chavanne.
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La partie située au sud de la rue Grenette est piétonne, elle se termine en rejoignant la rue de Brest, en face de la place des Jacobins. Etrangement, il n'y a pas de passage protégé pour traverser la rue Grenette.
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La circulation se fait dans la partie nord, de la rue Grenette à la place d’Albon, la partie sud est piétonne.
Architecture
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Elle est étonnante, car dissymétrique.
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Coté ouest, une grosse résidence en U avec façade quai Saint Antoine ménage un retrait qui sert de parking, elle fait sept étages, avec des petites et des grandes fenêtres, nombreuses. Un grand porche est ménagé pour permettre le passage de la rue Dubois vers la Saône.
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Coté est, impair, c’est un bel alignement d’immeubles du 19e siècle, construits en pierres, à cinq étages, caractéristiques par leur double paire de portes jumelles plus celle du 21 avec une ancienne maison au flanc saillant à l'angle sud de la rue Dubois.
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Une rangée d’herbes et un massif buissonnant donnent un peu de verdure.
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Après la rue Grenette, on entre dans une section plus étroite, légèrement courbe.
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Sur le coté est, les immeubles continuent comme plus au nord, certains semblent plus anciens vers le sud avec une belle porte au 41.
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C’est le coté ouest qui est remarquable, avec un long alignement de maisons de style renaissance entre la rue Grenette et la rue de la Monnaie, aux fenêtres à meneaux et aux enduits de couleurs tranchées. Le 50 à l’enseigne du maillet d’argent est daté de 1639. L'angle coupé de la rue de la Monnaie a deux statues, une vierge et un saint Joseph qui regardent la placette formée par le croisement avec la rue Ferrandière.
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La plupart des pas de portes sont utilisés par des restaurants qui possèdent des stores qui donnent son ambiance à la rue. Ces stores cachent un peu les nombreuses et belles séries d’arcades.
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Le 58 ouvre sur une superbe traboule vers le quai, si elle est fermée, le passage des Imprimeurs au 56 est charmant aussi.
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La plus célèbre maison est l’hôtel Horace Cardon, au 68 au débouché de la rue de la Monnaie. Des destructions font qu’on a accès à sa façade sur cour qui est la plus originale, nonobstant l’ascenseur qui lui a été adjoint et qui casse la perspective. Les fenêtres ont un dessin unique et chaque étage possède son style.
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Après l’hôtel, la rue s’élargit à nouveau sur une résidence moderne, avec un passage en péristyle, construite autour d’un jardin qui traboule mais qui est généralement fermé.
Dédicace
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Les merciers étaient les marchands. La rue Mercière était donc la rue marchande et le nom est resté.
Histoire
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La rue Mercière était sur le seul passage du Rhône à la Saône, elle a été la principale rue de la presqu’île du 13e au 18e siècle. Vers le Rhône elle continuait en courbe par la place des Jacobins, la rue Confort et la rue Paufique. Le tracé indirect avait été imposé par la vulnérabilité aux crues du reste de la presqu’île.
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En 1416, la ville a fait planter des pilotis dans la Saône pour consolider deux maisons de la rue Mercière.
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En 1470, des propriétaires ont été autorisés à rehausser leurs maisons.
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De nombreux imprimeurs s’installèrent dans ce quartier aux 15e et 16e siècle, mais la dureté du travail, la longueur des journées et la faiblesse des salaires ont entraîné des révoltes de 1539 à 1542 et de 1570 à 1572. Les compagnons et les maîtres ne parvinrent jamais à s’entendre. Alors qu’en 1500 Lyon était la troisième ville d’Europe avec ses cinquante imprimeurs, cent en 1550, à la fin du siècle cette activité avait presque disparu de Lyon.
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Ce sont les incessants conflits sociaux qui ruinèrent l’imprimerie, la première grève des typographes datant du 31 juillet de 1539. Quand on sait que l’horaire était de 5 heures du matin à 20 heures, on ne peut pas trop en vouloir aux ouvriers.
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Guillaume Le Roy fut le ppremier, avec son fils, c’est lui qui imprima le premier livre lyonnais rue Mercière(d’autres sources placent son atelier rue Chavanne ou quai Saint Vincent chez les Augustins) pour Barthélemy Buyer en 1473. Il fit travailler le graveur Hans Holbein le jeune. On peut voir leurs œuvres et bien d’autres au musée de l’imprimerie, rue de la Poulaillerie.
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La famille Huguetan a compté de nombreux libraires et imprimeurs à enseigne de la Sphère, depuis Jacques, rue Mercière en 1493 jusqu'à Jean Antoine en 1690 et même Jean, mort centenaire à Copenhague en 1750.
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Ce sont les frères Langlai, installés rue Mercière qui ont imprimé l’un des plus beaux plans de Lyon, celui que Simon Maupin établit en 1682.
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Une plaque à l’entrée du passage des imprimeurs rappelle le lieu de l’atelier d’imprimerie d’Etienne Dolet au 16e siècle. Depuis on a rajouté la plaque de Sébastien Gryphe à l'angle coté rue Thomassin et celle de Aymon Hugues et Sybille de la Porte au 68.
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En 1597, c'est Pierre Rigaud, à l'angle de la rue Ferrandière qui a imprimé les prophéties de Nostradamus.
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Une plaque de remerciement des hospices civils de Lyon indique l’emplacement de la maison de Guillaume de Rouville, d’abord imprimeur, puis échevin.
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Une plaque sur l’hôtel Horace Cardon garde la mémoire de Fleury Mesplet 1734-1794, formé ici avant de devenir le premier imprimeur francophone au Canada.
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En 1509, Cornélius Agrippa, conseiller de Marguerite d’Autriche, puis médecin de Louise de Savoie de 1524 à 1527 y tenait une société secrète dont le nom a fini par être connu : l’Agla.
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En 1694 Ce sont les imprimeurs à la science de Jean Baptiste et Nicolas Deville qui ont publié l’histoire civile et consulaire de la ville de Lyon du père Menestrier, la première à être assise sur les vestiges d’époque.
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En 1789, Victor Tournachon s'est installé imprimeur Tournachon et Daval, au 51, dans un immeuble qui communiquait avec le 8 quai Saint Antoine. Il y a imprimé l'affiche, Lyon n'est plus en 1794 comme le raconte imprimerie.lyon. Son fils Félix est devenu célèbre comme photographe sous le nom de Nadar.
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André Steyert y est né le 8 juillet 1830, il s'est distingué par son Histoire de Lyon, il est mort en 1904, 23 place Bellecour.
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En 1833, la rue semblait encore à ce qu'elle était à la Renaissance, certains commerces avaient dix générations de commerçants. Elle était celle où on se levait et couchait le plus tôt, les commerçants ne s'autorisant qu'un verre de vin blanc de Condrieu.
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C’est à cette époque que tous les immeubles de la partie est ont été remplacés avec la construction de la rue Centrale.
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La rue a été bitumée vers 1850 pour attirer les clients vers les commerces alors que les larges rues avoisinantes les faisaient dépérir.
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En 1957, les commerces avaient tous périclité, seul restait le commerce du sexe, ce qui donnait une réputation épouvantable à la rue. Les bulldozers sont donc entrés en action en commençant par le nord de la rue, heureusement pour les touristes et les amoureux des vieilles pierres, ils se sont arrêtés à la rue Grenette et à l'hôtel Horace Cardon. Merci à Jean Pierre Beaufort qui nous signale l'intervention des trois étudiants de Urbanisme et Jeunesse.
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En 1966, le conseil municipal demandait aux propriétaires du 16 et du 18 de démolir leurs maisons qui menaçaient ruine.
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Le coté ouest entre la place d'Albon et la rue Grenette et au sud autour de la rue Thomassin ont été reconstruits autour de 1980.
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A la fin du siècle, la rue Mercière est devenue l’un des points d’attraction de la ville de Lyon, y compris le dimanche, par ses restaurants dont les terrasses sont progressivement sorties sur la chaussée, épidémie de 2020 aidant.
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Le bâti est resté stable depuis les années 1980, la partie sud est devenue piétonne ainsi qu'un dernier tronçon entre la rue Dubois et la rue Grenette en 2025.
Art et associations
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GLEM groupe lyonnais d’études médicales, danse et ateliers y sont installés.
Commerces et services
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La rue Mercière est devenue la rue des restaurants, j’en ai compté vingt six de toutes les spécialités, plus huit bars, un piano bar de nuit et une annexe de Régal Glace.
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Sur les vingt six, j’en citerais trois, le bistrot de Lyon qui a le mérite d’exister depuis 1896 sur la plaque cafés historiques et patrimoniaux, et d’avoir servi de modèle, Moss, réputé pour ses fruits de mer, et Gaston qui donne des carottes à ses lapins vivants pour amuser les enfants et ouvrir l’appétit des parents. En 2020 Le bistrot de Lyon annonce exister depuis 1974, alors que le Mercière au 56 annonce depuis 1890. En 2025, le Progrès indique que c'est la rue où il y a le plus de bars, 17, l'aîné est le bistrot de Lyon 1974 que j'aurais mis dans les restaurants. Les dates peuvent être trompeuses, sur le store la mère Cottivet, depuis 1923, ce n'est pas l'établissement, arrivé tout récemment, c'est le personnage qui a été fondé cette année.
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Quatre bijouteries restent du temps où cette profession a dominé la rue, attirés par le service du poinçon qui y était installé.
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Il y a dix magasins de vêtements, un de chaussures, trois magasins pour l’esthétique, un coiffeur.
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Deux assureurs, un point presse, deux pressings, deux kinésithérapeutes, un atelier de couture et trois sociétés.
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En juin 2014, Lyon People a consacré un numéro complet à la rue Mercière.
Août 2005, mars 2012 et septembre 2025
Dernière mise à jour :
Auteur : Franck





























