Rue des Macchabées

Rue des Macchabées

Situation

  • La rue des Macchabées fait le lien entre Saint Just et Saint Irénée, elle part de la rue de Trion, descend jusqu'à la montée de Choulans puis monte raide jusqu'à la place Saint Irénée.

  • La circulation se fait en descente vers la rue de Trion.

Architecture

  • C'est une rue étroite et tortueuse, surtout dans sa partie centrale.

  • La première partie se fait entre de petites maisons, simples et anciennes, de un à trois étages. Les maisons des 7 et 9 datent de 1753.

  • Coté est, une parcelle a été démolie vers 1972, entre le 9 et le 19. On y a aménagé une placette avec quelques bancs, sur le mur dégagé, on a peint la reproduction du plan scénographique représentant le quartier au milieu du 16e siècle. On a dégagé les restes de l'église des Macchabées, il n'en reste que les fondations puis on les a saccagé en y plantant des morceaux de ferraille de couleurs vives. Le terrain descend, laissant voir un immense panorama sur l'est de Lyon, jusqu'aux Alpes, si le temps s'y prête. Au premier plan, on voit les immeubles de la résidence des Minimes, gros blocs blancs de huit étages à balcons. Une fontaine taurobolique est logée dans un petit monument à colonnes, derrière, on peut voir un grand balancier de mécanisme de pompe. La fontaine du 19e siècle est bâtie sur le puits du cloître Saint Just qui existait déjà au 13e siècle.

  • La maison de l’obéancier à la tour datée de 1488 a été la seule préservée des destructions des protestants en 1562, car le frère de l’obéancier était de leur parti et s’en déclara propriétaire. Cette maison a ensuite été l’auberge du bœuf couronné jusqu’au milieu du 19e siècle, elle porte la date de 1526. C’est elle qui a inspiré les bœufs sculptés actuels. Les bases de cette maison sont antérieures au 13e siècle, puisque Girin de Rontalon l’a achetée en 1250 et qu’il y reste des sculptures et des éléments de cette époque. Une seconde plaque indique qu'il s'agit d'un monument historique. Il faut coller le nez à la vitre pour apercevoir la porte de la tour.

  • Une petite partie après Choulans grimpe entre de petites maisons de deux à trois étages, l'allée du 31 s'enfonce vers de petits jardins, puis la rue fait un coude vers le sud au niveau de la place Saint Alexandre, la rue monte à nouveau entre de petites maisons anciennes, dont celle du 37 est saillante. C'est la partie la plus pittoresque.

  • Il y a quelques jolies portes aux 41 et 44, quelques anciens encadrements et peintures de commerces.

  • Le 43 est différent avec ses quatre étages, blanc, plus important, on peut y lire une curieuse plaque "sécurité" au-dessus de la porte, il a été construit en 1837 par des religieuses, il a servi d'atelier de soierie aux pénitentes et aux orphelines.

  • Le propriétaire du 56 a mis un cadran solaire au-dessus de sa porte, la rue fait un dernier coude vers l'ouest à ce niveau sur le replat de la place Saint Irénée.

  • Coté sud, on longe la cure de la fin du 17e siècle, aux fenêtres à meneaux et à enduit rose, puis le mur d'enceinte de l'église Saint Irénée. Un grand portail permet d'y entrer pour en voir le flanc sur lequel subsistent des traces médiévales, le calvaire, le chemin le long de tombes antiques, le clocher carré puis la façade d'un bel agencement de pierres blanches surmonté par un chapiteau au motif solaire et par deux croix. Un texte de l'association culturelle des sanctuaires de Saint Just et Saint Irénée en donne l'historique.

  • En face, ce sont encore de petites maisons, quelques-uns unes ont été démolies pour laisser des parcelles vides ou ont été remplacées par de plus récentes. On peut remarquer une petite tour ronde.

Dédicace

  • La première église de Saint Just avait d’abord été dédiée aux sept frères Macchabées, héros bibliques.

  • Ces sept frères ont été victimes de la superstition et du fanatisme, tués pour avoir refusé de manger du porc. Ils n’étaient pas lyonnais, cela paraît évident dans une ville où la plupart affronteraient le martyr pour une rosette, un jésus, un cervelas pistaché, une salade de museau, un pâté de tête, un saucisson cuit ou un saucisson de Lyon.

  • Cette appellation a été attribuée en 1854 après le rattachement de Saint Just au 5e arrondissement, on la retrouve sur les plans anciens sous le nom de Grande Charrière.

Histoire

  • Le quartier a été investi par les catholiques dès l'époque romaine. Ils y ont construit une église, puis un bourg fortifié qui arrivait jusqu’à Saint Irénée.

  • Sidoine Apollinaire relate une cérémonie en mémoire de Saint Just dans une immense basilique en 469, cette première église daterait de la fin du 4e siècle. Des fidèles sous la conduite de Saint Andéol ayant été envoyés en Egypte pour tenter de ramener l’évêque Just à Lyon arrivèrent après sa mort qui serait intervenue dans un monastère le 2 septembre 390.

  • Ils auraient ramené les ossements qui justifièrent le changement de l’église en Saint Just.

  • L’actuelle église dédiée à Saint Just se trouve rue des Farges quelque quatre cent mètres plus bas.

  • Saint Patiens aurait dirigé la construction d’une seconde église en 475.

  • Saint Galmier y a été enterré, il était né dans la ville qui porte maintenant son nom.

  • Quelques moines puis une communauté de chanoines ont vécu autour de l’église qui fut entourée d’un village à partir du 9e siècle.

  • La rue des Macchabées qui unissait les églises de Saint Just et Saint Irénée était la principale rue du quartier et était sur le chemin des processions qui allaient d’une église à l’autre. Les dernières ont eu lieu après 1950. Elle était limitée par les deux portes du bourg de Saint Just. Le quartier a été entièrement fortifié.

  • Le tribunal royal siégea dans le bourg de Saint Just pendant quelques années au début du 14e siècle, hors de portée de l'archevêque de Saint Jean.

  • Le pape Innocent IV est arrivé à Lyon le 27 novembre 1244 il a vécu sept ans ici jusqu’en 1251 lors du concile de Lyon pendant lequel il excommunia l’empereur Frédéric II qui avait alors autorité sur la ville, par la suite il a reçu son successeur Guillaume de Hollande ainsi que des émissaires de Gengis Khan.

  • En août 1248, Saint Louis et ses trois frères y ont assisté à une messe et reçu la bénédiction du pape au départ de la croisade.

  • En mai 1269, les bourgeois de la ville ont attaqué les remparts de Saint Just, ils l’ont ensuite assiégé jusqu’en janvier 1270, faute de pouvoir le conquérir.

  • Le 4 septembre 1288, on a installé le corps de Saint Just dans une nouvelle église. Saint Etienne, Saint Galmier, Saint Antioche, Saint Patient, Alpide, Alpin et Rémy ont aussi été enterrés à Saint Just.

  • Le pape Clément V y a été élu et couronné le 14 novembre 1305 en présence des rois de France, d’Angleterre et d’Aragon. Sept cent ans après, le prêtre de la paroisse s’appelait de nouveau le père Clément.

  • Le pape n’était pas pressé de quitter Lyon, mais deux graves incidents l’ont opposé à la population. Il organisa un banquet en l’honneur de la Saint Clément, banquet qui se solda par plusieurs morts dont le frère du pape. Le neveu du pape en prenait également fort à son aise avec les femmes des bourgeois, à tel point que ceux-ci finirent par l’assassiner entraînant le pape à installer la papauté en Avignon.

  • En 1312, le roi Philippe le Bel s’installa à Saint Just, c’est là que le 22 avril il signa le traité rattachant Lyon à la France, épilogue d’une guerre de cinquante ans entre les bourgeois et les archevêques. L’empire dont dépendait Lyon avait tellement laissé les liens se détendre avec la ville qu'il ne fit pas trop de difficultés, tant qu’il pouvait conserver des péages aux passages du Rhône. Le principal perdant était l’archevêque qui voyait se terminer mille ans de quasi indépendance et devenait son féal.

  • En 1367, Guy de Chauliac(1295-1368), médecin personnel de Clément VI fut recruté à l’hôpital de Saint Just. Il écrivit un traité sur la surdité et travailla sur la dermatologie, mettant en évidence la contagion.

  • En 1417, Nizier Grézieu a été chargé de faire murer les portes de Saint Just et Saint Irénée.

  • Louis XI est venu dans l’église en 1483.

  • Le 8 décembre 1490, Marguerite d’Autriche vint en procession à Saint Just.

  • Charles VIII et Anne de Bretagne ont logé ici en 1497.

  • Saint Just était encore un faubourg de Lyon au 16e siècle et était considéré comme pays de vin, en dehors du bourg fortifié devaient donc se trouver surtout des vignes.

  • En 1515, la reine Claude et Louise la mère du roi ont résidé à Saint Just pendant la campagne d’Italie. Louise de Savoie est repartie en 1525. La reine Louise de Savoie a exercé la régence de France durant deux ans depuis le cloître de Saint Just quand son fils était prisonnier en Espagne.

  • Pierre de la Baume Montrevel est mort le 4 mai 1544 et enterré à Saint Just, il était chanoine de Saint Jean, évêque de Genève, cardinal et prince du Saint Empire.

  • Le 23 mai 1562, les protestants prirent possession du bourg de Saint Just, rasèrent l’église, les remparts et une bonne partie des maisons du bourg. Il y eut au moins trois églises, toutes ravagées avec autant de ferveur qu’on avait mit à les construire. Les Sarrasins en 730, et même les Vikings les avaient précédés. Cette destruction mit un terme définitif au rôle de Saint Just dans la grande histoire. Le terrain a été ensuite recouvert par un pensionnat des Minimes, ainsi qu’un pensionnat de jeunes filles au 19e siècle.

  • Le calvaire a eu aussi une histoire compliquée depuis 1687. Celui que l'on peut voir date de 1817 et a été restauré par Fabish en 1868. On ne le voit que de loin.

  • L’abbé Papon a repris le terrain au début du 20e siècle pour en faire un hôpital contre la tuberculose, devant les protestations, il n’a pu y loger que des convalescents.

  • En 1971, on détruisit le pensionnat des Minimes pour une opération immobilière, les fouilles dites du bœuf couronné à cause de la sculpture ornant le n°19 ont mis à jour les vestiges de l'église de Saint Just. L’ensemble est désormais présenté de curieuse façon avec des sortes de bacs à sel en ferraille de trois couleurs matérialisant les différentes extensions de l’antique église. En 2013, les traces de vandalisme pédagogique avaient été retirées.

  • La porte de Saint Just menait à la route de Toulouse, au 17e siècle, une énorme pierre était suspendue en équilibre tel qu'un enfant suffisait à la faire bouger.

  • C'est au 18e puis au 19e siècle que la rue a pris l'essentiel de son allure actuelle.

  • Au n°22 Jean Bricaud est devenu patriarche de l’église gnostique de Fabre des Essarts en 1913 et président de l'ordre martiniste. A la même adresse, Constant Chevillon lui a succédé, il appartenait à un mystérieux Mouvement synarchique d’empire. Ce mouvement ne devait pas plaire à l’occupant allemand puisqu’il a été emporté le 25 mars 1944 et retrouvé mort montée des Clochettes à Saint Fons. Les deux hommes sont enterrés à Francheville.

  • L’abbé Béranger Saunière, célèbre pour avoir été le curé de Rennes le Château où il aurait trouvé un trésor a loué une chambre dans la rue. Il aurait fait appel à Bricaud et aux martinistes Philippe et Papus, pour l’aider à trouver son mythique trésor ?

Art et associations

  • Au 51, l’association culturelle des sanctuaires de Saint Just et Saint Irénée étudie l’histoire du quartier, édite des bulletins, organise des visites et des conférences dont viennent une partie de ce qui est écrit ci dessus. La crypte se visite le samedi après midi.

  • La cure et la maison paroissiale Saint Irénée Saint Just sont près de l'église, Spes y fait du soutient scolaire.

  • Une association s'occupe de recherche d'emploi.

  • L'un des San Antonio de Frédéric Dard s'appelle rue des Macchabées.

Commerces et services

  • Y sont un restaurant, un snack, un bar et un club privé.

  • Une alimentation, deux électriciens, deux serruriers, une agence immobilière, une chambre d'hôtes, un pressing et deux sociétés.

Octobre 2006 et juin 2013

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Avis

Note 
18/07/2020

quartier

dans ma jeunesse sur la partie démolie il y avait plusieurs commerçant et artisan dont mon père marchand de charbon avec sa charrette en bois pour les livraisons, dur métier

Note 
16/03/2019

Une des plus anciennes églises de Lyon

Visite dans le temps et l'espace très riche au long de cette rue

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La rue des Macchabées fait le lien entre Saint Just et Saint Irénée, elle part de la rue de Trion, descend jusqu'à la montée de Choulans puis monte raide jusqu'à la place Saint Irénée.

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