Pont de la Guillotière
Situation
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Le pont de la Guillotière est le principal pont sur le Rhône.
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Coté ouest, il se prolonge par la rue de la Barre vers Bellecour. Coté est, il va vers la fosse aux Ours, puis le cours Gambetta, la place du Pont et la grande rue de la Guillotière, autrefois route du Dauphiné.
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On le traverse par trois voies vers l’ouest, trois vers l’est, deux bandes cyclables.
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Sur les deux berges des passages sont aménagés sous la chaussée, par une trémie en rive droite, plus largement en rive gauche.
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Le métro passe dessous sous le Rhône.
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Les vues sont belles de toutes parts, assez grandiose coté ouest sur l’hôtel Dieu et Fourvière, au nord sur le pont Wilson, à l’est sur l’alignement des quais et les péniches, au sud sur le Rhône qui coule vers les universités et leur pont.
Architecture
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C’est un pont minimaliste qui a remplacé notre massif pont historique.
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Deux fines piles dans le Rhône et deux sobres culées de pierre accueillent un tablier presque plat fait d’un grand rail métallique bleu clair.
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Il est assez élégant dans sa finesse vu du pont de l’Université.
Dédicace
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C’est le pont qui menait de Lyon au faubourg de la Guillotière.
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La Guillotière, lieu de Guillot tiendrait son nom d’une auberge tenue par Guillot.
Histoire
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L'empereur Gratien serait mort en 383 en traversant le Rhône sur un pont, assassiné par son général Andragathius.
- Ce premier pont aurait été en aval, dans le prolongement de la rue Saint Hélène.
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Un autre pont existait sur le Rhône avant celui de la Guillotière puisqu’il s’écroula en 1190 au passage des armées en croisade de Philippe Auguste, Richard Cœur de Lion et Conrad de Bavière qui mourut dans la chute. Ce pont aurait été fait de bois et de bateaux. Cet épisode nous le fait connaître, des dragages auraient également permis de trouver des mats de bois quelques dizaines de mètres en amont du pont actuel, emplacement logique du pont précédent, c’est à dire dans le prolongement de la rue Confort qui était la seule à déboucher sur le Rhône au Moyen Âge.
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Le pont de pierre a été entrepris au cours du 13e siècle au prix d’immenses travaux et de réparations permanentes au fil des siècles.
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Le 3 septembre 1210, le pape Innocent III accorda des indulgences pour la construction d’un pont sur le Rhône, c’est le plus ancien document conservé aux archives municipales.
- Innocent IV en a posé la première pierre en 1245.
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L’hiver de 1333 à 1334, le Rhône est resté gelé durant trois mois.
- Le premier janvier 1457, le roi passait le pont, le gouverneur de Pierre Scize, Jean d'Aulon a fait arrêter le trésorier et le chambellan qui tentaient de lui nuire avec des amulettes fabriquées par le mage Mignon de Toulouse.
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En 1476, une terrible crue a emporté une partie du pont.
- En 1478, le châtelain de Saint Symphorien s'est emparé de la porte du pont qu'il estimait en Dauphiné. L'année suivante, le roi a mandé Louis Tindo pour établir les limites qui ont perduré jusqu'à aujourd'hui.
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L’accueil solennel des rois, de Louis XI à Louis XIII s’est fait au débouché du pont de la Guillotière, devant la chapelle du Saint Esprit.
- En 1501 et en 1510, des crues ont emporté des arches du pont de la Guillotière ainsi qu'une partie du bourg.
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En 1515, pour la venue du roi François, on répara la partie restant encore en bois du pont, mais on le fit traverser en bateau par manque de confiance dans la solidité du pont.
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Le 2 décembre 1570, le Rhône déborda encore terriblement, cinq arches du pont s’écroulèrent. Les chroniqueurs de l’époque rapportèrent que des enfants monstrueux dotés de deux têtes ou trois jambes naquirent dans la région les années suivantes.
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Le 18 septembre 1593, l’archevêque Pierre d’Epinac a placé une forte escorte à la porte du Rhône pour contenir les hommes de César de Disimieu, gouverneur de Vienne, envoyé par le duc de Savoie et son frère le duc de Nemours en vue de prendre la ville contre la ligue. L’attaque a été repoussée et le duc de Nemours gardé à son hôtel. Un soldat fut tué et des barricades montées dans la ville. L’année suivante, les habitants de Lyon ont renoncé à la ligue. Le 7 février 1594, une nouvelle bagarre a eu lieu au même endroit devant les forces d’Alphonse d’Ornano, les sept échevins ont été arrêtés, force est cette fois restée aux partisans du roi et Ornano a pu faire son entrée au nom de Henri IV.
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Le 11 octobre 1711, année où il y eut de terribles inondations, le cheval qui tirait le carrosse de Madame Servient s’emballa devant une foule qui revenait de la fête de Saint Denis à Bron, consacrée aux insultes faisant 238 morts sans compter les noyés. Ces hivers furent si terribles que le Rhône gela au point qu’on pouvait y passer en charrette.
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En 1744, le roi édita un nouveau règlement particulièrement défavorable aux ouvriers en soie. Les ouvriers s’organisèrent et se mirent en grève, le 5 août ils bloquaient le pont de la Guillotière. Le 9 août ils obtinrent le retrait du décret auprès des autorités municipales. Leur victoire n'a duré que six mois car début 1745, les troupes du roi arrivèrent en ville et leur opposèrent deux pendaisons et des condamnations aux galères.
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En 1745, un crocodile a remonté le Rhône jusqu'au pont, on a envoyé deux condamnés à mort le combattre en échange de leur grâce. Ils réussirent. On peut s'assurer de la véracité de cette histoire en allant voir le crocodile au musée des hospices civils.
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Le 10 décembre 1793, quinze prisonniers sont parvenus à s’échapper des caves de l’hôtel de ville. La plupart furent repris mais quelques uns disparurent, Bernard Porral s’est réfugié sous un plancher de la place Bellecour puis a fuit par le pont de la Guillotière déguisé en femme.
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Un pont levis aménagé dans une tour marquait la frontière du Lyonnais et du Dauphiné, cette barrière fut détruite en 1818.
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L’entrée dans Lyon était aussi construite avec une chapelle et la fameuse barrière de péage qui donnait accès à la rue de la Barre.
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Au début du 19e siècle, on combla une partie de la rive gauche ce qui permit de raccourcir le pont de moitié jusqu’en 1859. Le premier pont faisait plus de cinq cent mètres de long et possédait vingt arches de pierres.
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Après l’essai de Jouffroy d’Abbans sur la Saône, la navigation à vapeur a débuté son exploitation commerciale au début du 19e siècle. En 1824, pendant la fête des brandons, un bateau qui devait faire sa première sortie sur le Rhône a explosé sous le pont de la Guillotière. En 1830, la vapeur permettait de descendre le Rhône jusqu’à Beaucaire.
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En 1950, le pont qui venait d’être réparé suite aux bombardements de 1944 fut détruit pour installer un pont moderne apte à la circulation automobile, la plaque dédicace indique une inauguration en 1958.
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L’entreprise JC Decaux, qui construit ses abris bus et qui a implanté son système de vélo V partout dans Lyon, puis dans de nombreuses villes du monde avait mis en place son système de mobilier urbain financé par la publicité pour la première fois sur ce pont.
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Comme sur la Saône, Lyon a volontairement détruit son plus beau pont sur le Rhône et un témoignage historique capital.
Commerces et services
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En dessous du pont, en aval rive gauche, la péniche la Passagère sert de bonnes bières. Elle n'est désormais plus seule, englobée dans l'opération berges du Rhône.
Décembre 2005 et juillet 2012
Dernière mise à jour :
Auteur : Franck