Quai Jules Courmont
Situation
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Le quai Jules Courmont vient en rive droite du Rhône en aval du quai Jean Moulin et en amont du quai Gailleton, entre le pont Lafayette et le pont de la Guillotière, entre la place des Cordeliers et la rue de la Barre.
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Les chaussées sont très larges, quatre voies vers le sud, quatre voies vers le nord, une bande centrale sur la partie nord pour le stationnement, des épis devant l'Hôtel Dieu, quelques bacs de plantes, deux rangées de platanes, une trémie rejoint le quai Gailleton. Cette circulation le rend bruyant et difficile à traverser. L'entrée du parc République, rue Childebert cause force coups de cornes de ceux qui veulent obliger les voitures précédentes à écraser les piétons et dégager le quai sur lequel s'allonge la queue. Les bus 8, 28, 58 et 171 vers Montluel y ont leur arrêt. De nombreux cars de tourisme ont aussi leur place.
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On peut traverser l'Hôtel Dieu à pied vers la place de l'Hôpital.
Architecture
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On ne peut pas accéder au Rhône, le mur du quai est haut et vertical.
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Les constructions sont assez hautes, quatre ou cinq étages sur entresol, assez imposantes, les portes sont toutes belles. Elles sont décorées par des balcons en pierre et fer, certaines par des chapiteaux. Il y a un ou deux immeubles entre chaque rue, sauf quatre alignés entre les rues Thomassin et Jussieu.
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Le premier fait un angle aigu avec la rue Président Carnot, arrondi par une rotonde, il est blanc, date des années 1900 et ouvert par une immense porte.
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Le n°2 à n°4 est plus austère, plus ancien, comme tous les suivants, élégant par ses beaux balcons et la magnifique porte du n°2.
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Les portes du V et du VI sont rehaussées par leurs chiffres latins, celles du n°8 et n°9 sont peintes en bleu.
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Le n°11 a un portrait un peu lourd sur la fenêtre.
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Les deux derniers ont les angles coupés, le n°12 a été surélevé jusqu'à huit étages.
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Après la rue Childebert, l'immense façade de l'Hôtel Dieu, construite par Soufflot en 1741 impressionne toujours. La construction de la grande façade s'est étendue jusqu'en 1848 puis allongée de part et d'autre jusqu'à la rue de la Barre au sud. Elle est un peu monotone vue du trottoir, sauf à compter les quarante et une arches numérotées, plus trois rajoutées. Elle devient grandiose quand on se recule, surtout le célèbre dôme, immense et bien décoré de plusieurs groupes de statues figurant des angles et le couple royal, mythiques fondateurs de l'hôpital, présentés de pied, plus grands que nature, en tunique et couronnés. Ce dôme est flanqué de deux immenses ailes en alignement.
Dédicace
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Jules Courmont est né à Lyon le 24 janvier 1865 cours Morand. Il a vécu jusqu'à sa mort à Lyon le 24 février 1917 à l'Hôtel Dieu, quai Jules Courmont. Il vivait alors 34 quai Gailleton. Mort pour la France, il est honoré comme hygiéniste pour sa chaire d'hygiène à la faculté de médecine et son poste d'inspecteur de l'hygiène publique pour le Rhône. Il a organisé l'exposition internationale de 1914.
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Il est aussi honoré par un hôpital à Pierre Bénite, partie du pôle Lyon sud des hospices civils.
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Son frère Paul a été médecin, membre de l'Académie de Lyon, directeur de l'institut bactériologique de Lyon.
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Le quai s'est d'abord appelé quai de l'Hôpital devant l'hôpital et quai Bon Rencontre au nord. L'ancien nom quai de Retz reste gravé à l'angle de la rue Thomassin.
Histoire
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Vers 491, Gondebaud a fait jeter les enfants et la femme de son rival Chilpéric dans le Rhône.
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Vers 1185, les frères pontifes installèrent une maison pour recueillir les pauvres à l'emplacement de l'hôpital. C'est d'ici qu'ils commencèrent à édifier le pont de la Guillotière.
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En 1320, l'Hôtel Dieu était le plus important des 20 hôpitaux lyonnais qui comptaient 200 lits pour 20 000 habitants. La présence des deux statues de Childebert et Ultrogothe rappellent la croyance de sa fondation au 6e siècle, alors premier hôpital de France par ce roi Franc. Depuis, l'histoire a considéré que l'hôpital d'origine devait être au bord de la Saône, peut être vers la Quarantaine et que les deux fondateurs n'aient fait qu'entériner la création de l'évêque de Lyon Sacerdos quelques années avant.
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L'Hôtel Dieu a évolué au fil des siècles depuis cette vocation d'accueil vers la spécialisation dans les soins alors que l'hôpital de la Charité s'est spécialisé dans le regroupement des pauvres.
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Au 15e siècle, les échevins venaient tous les dimanches à l'Hôtel Dieu contrôler les comptes de l'hôpital, ils en avaient pris le contrôle en 1476. Le maire de Lyon est toujours président du conseil d'administration des hospices civils de Lyon.
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En 1562, les protestants ont ouvert un chemin de rive derrière le rempart.
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Le quai fut créé lors de la destruction des murailles qui entouraient Lyon au nord de l'Hôtel Dieu.
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En 1740, on a mis en place le quai de Retz, prélude à l'édification de la grande façade et du grand dôme, enfin, au 19e siècle, on a terminé la façade par l'aile sur la rue de la Barre et le troisième dôme en 1894. Dès la construction les échoppes donnant sur le quai ont été loués à des artisans dont certain participaient au chantier de l'hôpital ainsi qu'à quelques commerçants. La circulation automobile les a chassé dans les années 1950.
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En 1760, le quai et la façade de l'Hôtel Dieu faisaient partie des plus beaux endroits de Lyon. Le grand dôme venait alors d'être ajouté car on pensait que les miasmes pourraient être évacués par le haut.
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En 1786, les hospices civils ont lancé une souscription visant à augmenter le nombre de lits, on a gravé le nom des donateurs dans la salle du grand dôme, on y trouve celui des corporations et de toutes les familles qui ont marqué l'ancien régime.
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Entre le quai et l'hôpital, on avait aménagé la boucherie, les débris étaient évacués dans le Rhône par une passerelle.
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En l'an X de la révolution, le 28 nivôse, Chaptal instaura les hospices civils de Lyon, trois ans plus tard, les Lyonnais innovaient en ouvrant le premier concours pour le recrutement de médecins.
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En 1810, les hospices ont installé une platte pour permettre aux lavandières de venir faire le linge dans l'eau du Rhône. Ce mode de lavage, arrivé à Lyon au 16e siècle a culminé à cent dix plattes, l'arrivée de l'eau au robinet a provoqué leur disparition vers 1940.
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Une plaque rappelle que Pierre Dupont y est né le 23 avril 1821.
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Merci à Christian pour les précisions, après des tentatives à l'hôtel dieu et au petit collège, avortées pour cause de putréfaction, la première morgue de Lyon y fut installée dans un bateau en 1850, il a été emporté par une crue en 1852. Les médecins s'occupaient surtout des noyés dont ils déterminaient si la mort avait précédé la noyade. En 1910, il y eut une crue terrible qui emporta l'ensemble. On l'installa ensuite rue Pasteur avant de l'emmener boulevard Rockefeller.
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Le quai fut mis hors d'eau en empiétant sur le Rhône après 1856 et l'inondation.
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En 1860, dans le grand dôme de l'Hôtel Dieu, on pouvait admirer un crocodile pendu que l'on disait trouvé dans le Rhône, ce crocodile est toujours pendu, mais dans le musée des hospices civils.
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Auguste Lumière y fut radiologue sous l'autorité de Léon Bérard dont le centre anti cancéreux de Lyon porte aujourd'hui le nom.
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En 1906, le professeur Jaboulay fit la première tentative mondiale de greffe du rein.
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Lors de la libération de Lyon le 4 septembre 1944, le grand dôme de l'Hôtel Dieu a été incendié, René Frémy est monté sur le toit en flammes pour y installer de drapeau français. Une plaque a été apposée dans la cour de l'hôpital pour commémorer cet événement.
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En 1953 on a installé l'axe nord sud.
Art et associations
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L'Hôtel Dieu abrite le musée des hospices civils de Lyon, point central de l'histoire de la médecine à Lyon.
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L'herboristerie de la Croix Rousse remonte à 1850, son propriétaire est aussi président de la fédération française de diététique.
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Espace prévention santé regroupe cinq associations et antennes départementales.
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La librairie Fournier.
- Arty Farty s'est installé au 6, elle organise les Nuits Sonores et le forum European Lab.
- Les statues de Childebert de Pierre Marie Prost et Ultrogothe de Jean Joseph Charles sont des oeuvres à part entière de 1819, elles en remplacent d'autres détruites à la révolution, elles sont aussi devenues les héroïnes de la bande dessinée des Rues de Lyon sous le dessin de Anjale et le texte de Jean Pierre Crauser.
Commerces et services
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Le plus important est l'Hôtel Dieu qui doit vivre ses dernières décennies d'hôpital. Deux entrées sont sur le quai, avec une entrée des patients et médecins, et une ancienne entrée qui sert aux magasins, à la pharmacie et aux laboratoires. L'hôpital a fermé en 2010, certains bâtiments ont été classés monuments historiques et doivent être rénovés pour un projet d'urbanisme.
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La ville de Lyon au n°1 a sa direction de l'enfance et des services techniques.
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Deux agences de voyages, une agence air France, une immobilière et une d'intérim.
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La crèche municipale Grôlée.
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Un cours d'anglais.
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Une alimentation, une pâtisserie.
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Un magasin de déguisement, un de décoration, deux de vêtements.
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Une serrurerie, une literie anatomique, un avocat, deux médecins et quelques grandes vitrines qui ouvrent sur les rues transversales.
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Un distributeur de seringues avait été installé sur le quai afin que les toxicomanes ne nuisent à leur santé qu'avec leur drogue préférée, il semble à l'abandon.
- Au 11, le grand hôtel datait de 1918, il a été racheté par Boscolo en 2002, mais les travaux ont duré et l'ouverture est annoncée pour novembre 2018.
- Les Halles de l'Hôtel Dieu ont été inaugurées en février 2019, elles comportent une vingtaine de commerces alimentaires tenus par neuf MOF, meilleurs ouvriers de France. Un atelier de brassage de bière s'est installé au 5.
Octobre 2006 et juillet 2013
Dernière mise à jour :
Auteur : Franck